LYSISTRATA est apparu comme un ovni en France et après deux albums (2017 et 2019) et quelques marathons de concerts dans toute l’Europe et même au-delà, jusqu’à s’imposer comme une valeur sûre du renouveau de la scène indé, la fougue de la jeunesse envoyant carrément valser les étiquettes du post-hardcore et du noise rock.
Ce printemps 2024, Lysistrata a dévoilé son troisième album "Veil" et plutôt que de “maturité”, on a envie de parler d’écriture réfléchie, de recul et d’affirmation de soi. Travaillés depuis les premiers épisodes de confinement, les nouveaux morceaux, au moment de les enregistrer, étaient déjà maîtrisés. Lysistrata avait eu le temps de les tourner dans tous les sens. Une salve de morceaux fédérateurs que l’on croit volontiers calibrés pour un public ne demandant qu’à s’en emparer pour faire la fête. Les arbitrages de production de Ben Greenberg (Metz, Beach Fossils ou Show Me The Body) et son travail d’orfèvre ont payé : la sensibilité pop qui existait chez Lysistrata a été sublimée et se pose comme une évidence. Écrire des mélodies catchy faisait déjà partie de son savoir-faire, mais c’est à croire que le groupe vient de se libérer d’une tendance passée à contrer cet aspect de sa musique. Le fait est que le nouvel album s’ouvre sur une série de tubes adroitement ciselés. Cela constitue sans doute une entrée en matière plus aisée à l’égard du grand public, mais aussi propre à surprendre les fans de la première heure. A l’inverse, pas de traitement en demi-teinte pour les passages plus hardcore, dont la violence n’a pas été cachée et surgit, explosive, redoutable, au cœur de l’album.
Sans exagérer en s’imaginant un adoucissement purement pop, on aura compris que chez Lysistrata, dorénavant, les émotions ne sont plus traitées de façon purement frontale, liquidées dans la pure débauche d’énergie. Pour qualifier "Veil", on peut parler de l'album de la fluidité, de l’aisance et de la sincérité.